Les Anges Déchus de Wong Kar-wai
Filmographie
 

 

Les anges déchus
Fallen angels

Interprètes :

Leon Lai Ming
Takeshi Kaneshiro
Michele Reis
Charlie Yeung
Karen Mok

durée: 96 minutes
sortie française: mars 1997

fiche technique


Un tueur à gages en a assez de tuer. Une femme lui sert d'agent et rêve qu'il tombe amoureux d'elle. Une jeune fille veut se venger d'un amour déçu. Une jeune femme guette le grand amour. Un garçon muet déambule dans les rues. Les anges déchus sont romantiques, insomniaques et survoltés. On les croise à Hong Kong la nuit...




Michele Reis

Sur la forme Les Anges Déchus est très proche de Chungking Express. Même structure, même scénario non linéaire (plusieurs histoires entremêlées, des personnages qui se croisent le temps d'un plan), même virtuosité stylistique, interprétation toute en liberté et en naturel, musique omniprésente...

Rien d'étonnant puisque c'est le script qui devait servir de 3ème partie à Chungking Express qui sert de base au film. Cependant que l'on ne s'y trompe pas, Les Anges Déchus n'est ni une suite, ni un remake de Chungking Express.

C'est un film beaucoup plus sombre et pessimiste que son prédécesseur. Les personnages sont livrés à eux-mêmes et plongés dans leurs monologues intérieurs (l'omniprésence des voix-off). La solitude est le thème récurrent que l'on retrouve presque à chaque plan, magnifié par les étonnantes scènes de masturbation - softs mais très troublantes - auxquelles se livre la jolie Michele Reis.



Une nouvelle fois, Wong Kar-wai signe un film visuellement époustouflant. Le style est encore plus expérimental que tout ce qu'il a pu tourner précédemment. Alors que dans Chungking Express, les couleurs étaient chaudes et la musique gaie, les couleurs sont ici grises et la musique triste. Le trio Wong Kar-wai / Christopher Doyle / William Chang s'en donne à cœur joie avec les arrêts sur images, les ralentis, les images accélérées ou floues, des artifices qui pourraient sembler gratuits et faciles chez tout autre réalisateur mais qui chez Wong Kar-wai font sens. L'utilisation quasi systématique d'un grand angle et le montage ultra rapide donnent au film donne un effet hypnotique saisissant.



Takeshi Kaneshiro

 

Les trouvailles scénaristiques, les petits détails qui nous font aimer le film encore plus, sont nombreux : des clins d'œil à Chungking Express (la fausse blonde Punkie qui fait inévitablement penser à Brigitte Lin ou le personnage de Takeshi Kaneshiro qui est devenu muet parce qu'il a mangé des boites d'ananas périmées)... Ou encore Michele Reis qui fouille dans les poubelles de Leon, les cigarettes, métaphore de l'amour qui se consume, les plans vidéo du papa de Takeshi, franchement émouvants, ou encore Leon qui a offert 30 $ à une femme noire pour poser avec lui sur une photo et qui dit depuis qu'elle est sa femme...

La vraie révélation du film est Takeshi Kaneshiro, à la fois drôle et émouvant dans son rôle du muet excentrique qui s'introduit la nuit dans les magasins, les ouvre, et force les clients à consommer, fait un massage à une carcasse de porc dans une boucherie, aide une fille à récupérer son ex, filme au caméscope son père sortant des toilettes (la relation qu'il entretient avec son père fournit quelques uns des plus beaux moments du film).



La bande-son est comme toujours merveilleuse, avec notamment une version chinoise du Karmacoma de Massive Attack, qui sert de message entre le tueur et sa commanditaire et rythme toute la partie relative à leur histoire.
Plus encore que dans tous ses autres films, Hong Kong tient un rôle primordial, imposant un rythme de vie trépidant et épuisant. Wong Kar-wai filme de manière quasi stroboscopique couloirs, consignes automatiques, métros, bus et avions passant à quelques dizaines de mètres au dessus des toits :



"La vérité, c'est que notre style est minimaliste parce que nous disposons de petits budgets et c'est ce qui a dicté notre style. Quand je regarde Les Anges Déchus, je me rends compte que ce n'est pas vraiment un film sur Hong Kong. C'est plutôt Hong Kong tel que je le rêve. Je voudrais qu' Hong Kong soit plus paisible et qu'il y ait moins d'habitants."



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In The Mood for Wong Kar-wai - 2004